Une nutrition équilibrée est essentielle à la santé, à la performance et au bien-être de votre équidé. Un cheval de loisir avec une alimentation trop riche prendra du poids et sera sujet à des problèmes de santé métaboliques, tandis qu’un athlète dont la diète est insuffisante perdra en masse musculaire et en énergie, affectant ses capacités physiques. Maîtriser l’ajustement de la ration selon l’activité physique est donc crucial pour chaque propriétaire.

Dans cet article, nous allons explorer les principes fondamentaux de la nutrition équine et vous apprendre à adapter la ration de votre monture en fonction de son niveau d’activité, en tenant compte de ses besoins individuels. La ration est l’ensemble des aliments consommés par un cheval sur 24 heures. L’activité fait référence à son niveau d’exercice. Les principales catégories sont le repos, le travail léger, modéré et intense.

Comprendre les besoins nutritionnels du cheval en fonction de l’activité

Comprendre les besoins nutritionnels de votre équidé est la première étape pour adapter sa ration. Ces besoins varient selon son niveau d’activité. Ils comprennent les besoins énergétiques, en protéines, en minéraux, en vitamines et en eau. Négliger l’un de ces éléments peut nuire à sa santé et à sa performance.

Les besoins énergétiques (calories)

L’exercice augmente considérablement la dépense énergétique du cheval. Plus il travaille, plus il requiert de calories pour maintenir son poids, sa température et fournir l’énergie pour l’effort. Un apport insuffisant conduit à une perte de poids, une fatigue accrue et une diminution des performances. Inversement, une alimentation trop riche provoque une prise de poids, aussi néfaste.

Les besoins d’entretien couvrent les fonctions vitales au repos. Selon le National Research Council (NRC), un cheval de 500 kg au repos a besoin d’environ 16,5 Mcal par jour. L’apport supplémentaire dépendra de son activité. Le tableau ci-dessous illustre l’augmentation des besoins énergétiques.

Niveau d’Activité Besoins Énergétiques (Mégacalories par jour pour un cheval de 500 kg) Exemple d’Alimentation
Repos/Entretien 16.5 Foin de bonne qualité (10 kg)
Travail Léger 20 Foin (8 kg) + 2 kg d’aliment concentré
Travail Modéré 25 Foin (6 kg) + 4 kg d’aliment concentré
Travail Intense 30+ Foin (5 kg) + 5+ kg d’aliment concentré spécifique pour chevaux de sport

Pour un cheval au travail léger, comme des balades occasionnelles, un foin de qualité peut suffire. Pour un travail modéré, il faut ajouter des céréales comme l’avoine ou l’orge, ou des aliments industriels spécifiques. Pour un cheval en travail intense, une ration très énergétique et digestible est essentielle, souvent composée d’aliments pour athlètes équins, riches en matières grasses et glucides complexes.

Les besoins en protéines

Les protéines sont les éléments constitutifs du corps, essentielles à la construction et à la réparation musculaires. Elles jouent un rôle clé dans l’immunité et la production d’enzymes et d’hormones. Pour les chevaux actifs, un apport suffisant est primordial pour soutenir le développement et la réparation des muscles sollicités pendant l’exercice.

Il faut considérer la quantité et la qualité des protéines. Composées d’acides aminés, certains sont « essentiels » car le corps ne peut les synthétiser. Une source de protéines de qualité, comme la luzerne ou le soja, fournira tous les acides aminés essentiels. Un cheval adulte au repos requiert environ 800 grammes de protéines brutes par jour pour un poids de 500 kg. Les besoins augmentent avec l’activité, particulièrement chez les chevaux de sport qui nécessitent 1000 à 1200 grammes. Le NRC indique des besoins protéiques augmentés de 25% pour le cheval en travail.

  • Luzerne : Source excellente de protéines et de calcium.
  • Soja : Riche en acides aminés essentiels.
  • Graines de lin : Source d’oméga-3 et de protéines.

Si un apport suffisant est crucial, un excès de protéines peut être préjudiciable. Un excès peut surcharger les reins et causer des problèmes rénaux. Il faut donc trouver le juste milieu et éviter une surcharge inutile.

Les besoins en minéraux et vitamines

Les minéraux et les vitamines sont cruciaux au bon fonctionnement de l’organisme, contribuant à la performance, à la récupération et à la prévention des pathologies. Ils jouent un rôle essentiel dans divers processus biologiques, notamment la contraction musculaire, la transmission nerveuse, la formation osseuse et la fonction immunitaire. Un déficit peut entraîner une baisse de performance, une fatigue accrue et une susceptibilité accrue aux infections.

Parmi les minéraux essentiels, on compte les électrolytes (sodium, potassium, chlorure), le calcium, le phosphore et le magnésium. Les électrolytes sont cruciaux pour les chevaux qui transpirent, car la transpiration entraîne une perte importante. Le calcium et le phosphore sont essentiels à la solidité des os et à la contraction musculaire, tandis que le magnésium intervient dans la relaxation musculaire et la prévention des crampes. Le manque de calcium et phosphore se traduit par des problèmes osseux et le manque de magnésium favorise les fourbures.

  • Sodium, Potassium, Chlorure: Importants pour compenser les pertes dues à la transpiration.
  • Calcium, Phosphore: Essentiels au squelette et à la fonction musculaire.
  • Magnésium: Contribue à la fonction musculaire et nerveuse.

Les vitamines, quant à elles, sont des composés organiques essentiels au métabolisme et à l’immunité. La vitamine E est un antioxydant puissant qui protège les cellules et contribue à la récupération musculaire. Les vitamines du groupe B sont essentielles au métabolisme énergétique et aident l’équidé à transformer les aliments en énergie. Une carence en vitamine E peut se manifester par une faiblesse musculaire.

La nécessité d’une supplémentation dépend de l’alimentation et de l’activité. Si l’équidé a accès à un pâturage de qualité et reçoit une ration équilibrée d’aliments concentrés, des suppléments peuvent ne pas être nécessaires. Cependant, dans certains cas, notamment pour les athlètes ou les animaux ayant des besoins spécifiques (juments gestantes ou allaitantes), une supplémentation peut être bénéfique. Consultez un vétérinaire pour déterminer si une supplémentation est nécessaire.

L’importance de l’hydratation

L’eau est vitale. Elle représente environ 65% du poids corporel et intervient dans toutes les fonctions vitales, notamment la thermorégulation, le transport des nutriments, l’élimination des déchets et la lubrification des articulations. Une déshydratation, même légère, peut affecter la performance et la santé.

Les besoins en eau augmentent considérablement avec l’exercice. La transpiration est le principal moyen de refroidissement, et la perte de liquide doit être compensée par une consommation d’eau suffisante. Un cheval au repos boit en moyenne 20 à 30 litres par jour. Un cheval au travail intense peut boire jusqu’à 60 litres ou plus, surtout par temps chaud et humide. Le National Research Council (NRC) recommande d’assurer un accès permanent à de l’eau propre et fraîche.

Il est crucial d’inciter les chevaux à boire en leur offrant de l’eau propre et fraîche en permanence. Par temps froid, l’eau tiède peut être plus attractive. Dans certains cas, ajouter une saveur (jus de pomme) peut encourager la consommation. Ajouter des électrolytes après un effort intense aide à rétablir l’équilibre hydrique.

Évaluation du niveau d’activité du cheval

Évaluer avec précision le niveau d’activité est crucial pour adapter la ration. Une évaluation incorrecte entraînera une alimentation inadaptée, affectant sa santé et ses performances. Il faut considérer le type d’activité, la fréquence, l’intensité et la durée des séances.

Classification des niveaux d’activité

  • Repos/Entretien: Chevaux au pâturage ou au box, sans travail régulier. Besoins minimaux.
  • Travail Léger: Promenades occasionnelles, travail à pied doux ou longe peu intensive. Impact modéré.
  • Travail Modéré: Entraînements réguliers, compétitions occasionnelles ou activités exigeantes. Augmentation significative des besoins.
  • Travail Intense: Entraînement intensif, compétitions fréquentes ou activités de haute performance. Besoins très élevés.

Un cheval de loisir et un cheval de course ne dépensent pas la même énergie. Il est donc vital de déterminer sa catégorie.

Facteurs influents à prendre en compte

Outre le niveau d’activité, d’autres facteurs influencent les besoins nutritionnels. Les considérer permet d’affiner l’adaptation de la ration et de répondre aux besoins spécifiques de chaque équidé.

  • Race: Certaines races ont des besoins spécifiques. Les chevaux de trait sont plus robustes, avec des besoins énergétiques inférieurs.
  • Âge: Poulains, jeunes, adultes et seniors ont des besoins distincts. Les poulains ont besoin de protéines pour la croissance, les seniors, d’aliments faciles à digérer.
  • État corporel: L’état corporel indique son état nutritionnel. Un cheval maigre a besoin d’une ration plus riche, un cheval obèse, moins calorique. Utilisez le Body Condition Score (BCS).
  • Climat: La température influe sur les besoins. Par temps froid, plus d’énergie est nécessaire pour maintenir la température corporelle.
  • Santé: Les ulcères, problèmes respiratoires ou dentaires peuvent affecter l’appétit et la digestion. Il faut adapter la ration.

Le Body Condition Score (BCS) évalue les réserves de graisse. Noté de 1 à 9 (1 = maigreur extrême, 9 = obésité sévère), il permet d’ajuster la ration pour une condition physique optimale. Une évaluation régulière est essentielle.

Adapter la ration en pratique

Après avoir étudié les besoins nutritionnels et les facteurs à considérer, il est temps d’expliquer comment adapter la ration selon l’activité et les besoins spécifiques. L’adaptation est un processus continu qui exige une observation attentive et des ajustements réguliers.

Les différents types d’aliments

Choisir les bons aliments est essentiel. Il existe une grande variété, chacun avec ses avantages et inconvénients. Il faut choisir des aliments de qualité, adaptés aux besoins et à l’activité.

  • Fourrages: Foin, ensilage et herbe. Le foin doit être la base de l’alimentation, quel que soit le niveau d’activité.
  • Céréales: Avoine, orge et maïs. Riches en énergie, elles augmentent l’apport calorique des chevaux au travail.
  • Aliments Industriels: Granulés, mash et aliments complémentaires. Formulés pour répondre aux besoins nutritionnels.
  • Suppléments: Vitamines, minéraux, électrolytes. Comblent les carences et améliorent la performance.
Type d’Aliment Valeur Nutritionnelle Digestibilité Coût (estimation)
Foin de Graminées (Timothy, Fléole) Modérée en énergie et protéines, riche en fibres Élevée Modéré
Foin de Légumineuses (Luzerne, Trèfle) Élevée en énergie et protéines, plus riche en calcium Modérée Élevé
Avoine Modérée en énergie, riche en fibres, bonne appétence Élevée Modéré
Orge Élevée en énergie, doit être aplatie ou concassée pour une meilleure digestibilité Modérée Modéré
Granulés (cheval de sport) Élevée en énergie, protéines, vitamines et minéraux, formulés pour les besoins des chevaux athlètes Modérée à Élevée Élevé

Principes de base pour l’adaptation de la ration

Voici quelques principes de base à suivre :

  • Privilégier le fourrage comme base.
  • Introduire les changements progressivement.
  • Répartir les repas en plusieurs petites portions.
  • Observer attentivement et ajuster.
  • Consulter un vétérinaire ou un nutritionniste équin.

Exemples concrets d’adaptation de la ration

Voici des exemples d’adaptation selon le niveau d’activité :

  • Passage du repos au travail léger: Augmenter l’apport énergétique avec un complément de céréales ou d’aliments industriels.
  • Passage du travail modéré au travail intense: Ajouter des aliments pour chevaux de sport, riches en graisses et glucides complexes, et supplémenter en électrolytes.
  • Adaptation pour un cheval prenant du poids: Réduire l’apport énergétique, limiter les céréales et augmenter le fourrage moins riche.
  • Adaptation pour un cheval perdant du poids: Augmenter l’apport énergétique, ajouter des aliments riches en calories et protéines.

Par exemple, un cheval de 550 kg au travail modéré a besoin d’environ 25 Mcal et 900 grammes de protéines brutes par jour. Sa ration pourrait inclure 7 kg de foin, 3 kg d’avoine et 1 kg d’aliment concentré. Il est impératif d’adapter ces quantités selon les besoins individuels du cheval.

En résumé

L’alimentation est essentielle à la santé et aux performances de votre équidé. Adapter sa ration à son activité est complexe, mais en comprenant les bases et en observant attentivement, vous pouvez lui offrir une nutrition optimale pour une vie saine et active. N’oubliez pas que chaque cheval est unique et consultez un vétérinaire ou un nutritionniste équin pour des conseils personnalisés.